La résilience nationale

   Dans l’utilisation sociale de notre vocabulaire, certains mots semblent parfois devenir incontournables; s’exemptant plus ou moins subtilement de leur contexte lexical traditionnel, abandonnant partiellement leurs limites étymologiques, ils se mettent à élargir irrésistiblement leur champ sémantique pour, progressivement, s’arroger de nouvelles capacités d’occurrences dans une fréquence d’emplois qui se multiplient allègrement…
   Assurément, le terme de résilience s’inscrit dans ce registre dynamique et conquérant : issu du domaine de la physique et destiné à mesurer la capacité d’un matériau à reprendre sa forme originelle après déformation, il permet aujourd’hui, par exemple,  de décrire les degrés d’adaptation d’un individu ou d’un système à un environnement devenu difficile ou hostile.
   Transposé ainsi aux sciences sociales ou à la psychologie, indispensable en géographie comme en écologie, voilà un mot qui ouvre  maintenant  la compréhension des traumatismes les plus divers.
   Encore mieux : hier  simple vecteur de la description de la vulnérabilité, il contribue désormais à la construction  d’outils stratégiques pour agir beaucoup plus directement sur les agressions externes : dans les entreprises, rien de plus efficace  que la résilience organisationnelle pour faire face aux disruptions du marché. Alors, effet de mode ou besoin d’usages nouveaux d’un concept progressivement doté de  fonctions multi-opérationnelles ?
   Jean Urbaniak, a présenté une conférence à l’ancien collège, pour ouvrir le débat sur la question,  en abordant le concept de résilience à travers son développement le plus récent, celui qui le place directement au service des politiques publiques.
    En effet, pour créer des sociétés plus robustes et mieux adaptées à la diversité des menaces qui les entourent, les gouvernements, à leur tour, élaborent des plans et des programmes pour renforcer la résilience des infrastructures et des systèmes économiques, voire de la communauté nationale dans son ensemble.
   C’est cette  évolution émergente du terme, aussi ambitieuse dans ses objectifs, que délicate dans sa mise en œuvre,  que Jean Urbaniak a voulu analyser dans, ses aspects prospectifs les plus positifs comme dans ses inévitables limites, pour permettre aux citoyens qui le souhaitent, de mieux s’approprier cette nouvelle démarche de gestion globale de la menace, une menace dont l’actualité, malheureusement,, souligne chaque jour l’inexorable proximité.
   S’appuyant sur une définition fondée sur la polyvalence du concept, Jean Urbaniak a  examiné   la pertinence de  intérêt politique de la résilience nationale, pour en  mesurer ensuite, par des études de cas documentés, tant les effets de son pragmatisme fonctionnel, que les risques posés par l’imposition d’un modèle notamment critiqué par certains pour ses finalités jugées  peu démocratiques.
 Pour le conférencier, cette prise de conscience collective s’avère nécessaire, car n’est-ce pas à travers les réussites, mais également par la connaissance objective de ses  limites, qu’une innovation dévoile clairement ses potentialités ?

ICI la version numérique de la conférence